En 1914, une grande majorité de français et d'allemands, gens du peuple comme Etats majors, vécurent la déclaration de guerre comme le début d'un conflit qu'ils se figuraient ne devoir durer que quelques semaines, quelques mois tout au plus, chaque camp partant la fleur au fusil, victorieux à l'avance, sûr que tout serait rentré dans l'ordre pour Noël.
C'était la Guerre imaginée par presque tous. Et presque tous, de chaque côté du Rhin, d'entonner des refrains optimistes et patriotiques faisant frémir d'orgueil et de haine les plumes hérissées du coq gaulois et de l'aigle germanique.
Dès les premières batailles, cependant, les soldats des deux camps se mirent très vite à "dé-chanter" : L'Histoire de l'Europe entrait dans le monde moderne à travers la longue et douloureuse expérience de l'Horreur.
Commémorations... Célébrations... devoir de mémoire... : Maître-mots de cette période ouverte le 2 août 2014, et qui a vu, voit et verra fleurir de nombreux spectacles sur la première guerre mondiale, la Grande Guerre, celle qui devait être la DER des DERS!
Mais comment montrer, comment donner à voir la Guerre, quelle qu'elle soit? Comment en parler sans tomber dans le pathos, l’hiératisme ou les poncifs dont regorge inévitablement le sujet? Art difficile que cet hommage aux hommes de guerre et à ce qu'ils ont vécu...!
Laissons cette tâche aux historiens, ou au cinéma qui a des moyens que nous n'avons pas...
Nous, nous avons préféré évoquer la Guerre de 14-18, simplement et ludiquement (oui, c'est possible!) au travers des mots vigoureux et crus d'auteurs combattants, ou de soldats inconnus, mais aussi au travers de certaines des chansons qui les ont accompagnés, réconfortés, portés, avec émotion, douceur, colère ou nostalgie.
Chansons de l’époque donc mais aussi chansons écrites tout au long de ce 20ème siècle si tristement « riche » en conflits guerriers :
La DER des DERS… TITRE PROVISOIRE!
Un ancien cabaret promis à la démolition servira d'écrin à cette évocation.
Deux créatures mystérieuses essaieront de le faire revivre, le temps d'une mission mémorielle, le temps d’un mirage, le temps d’un hommage.
Elles seront nos guides dans les méandres de la mémoire. Elles dévideront le fil de nos souvenirs mais aussi des leurs, de leur histoire, de l’Histoire, sur des airs connus... ou moins connus.
Elles nous interpelleront, nous réjouiront, nous émouvront par les voix de soldats inconnus ou d’auteurs reconnus, Blaise Cendrars, Louis-Ferdinand Céline, Ernst Jünger, Jean Giono, Maurice Genevoix, Raymond Dorgelès, Erich-Maria Remarque, Marcel Proust ou Colette, tant il est vrai que les femmes aussi ont leur place dans la Guerre.
Puis comme une apparition qui s'évanouit à l'aurore, elles disparaîtront...
Le rêve passe... Le rêve est passé...
Mais… "La grande défaite en tout, c'est d'oublier." (L.F. Céline, Voyage au bout de la nuit).
Myriam Azencot
Metteur en scène